Une réflexion proposée par Sophie Malengreau, enseignante, formatrice et animatrice d’ateliers créatifs et de développement personnel
Dans un contexte scolaire marqué par l’hétérogénéité des classes et la recherche de pratiques pédagogiques plus inclusives, le travail coopératif est-il un levier efficace pour favoriser la réussite et la motivation en classe ? Plus qu’un simple outil, il représente en fait une posture éducative qui transforme les dynamiques d’apprentissage.Dans une classe où les profils, les rythmes et les besoins varient, le travail coopératif permet d’instaurer une différenciation pédagogique : les élèves s’entraident, se réexpliquent les notions, ce qui bénéficie particulièrement aux élèves en difficulté. Cependant, les élèves qui maitrisent déjà les savoirs ne sont pas pour autant oubliés car non seulement ils sont valorisés mais, en outre, ils mettent en place des stratégies métacognitives qui renforcent leurs compétences.
La coopération permet bien entendu de développer des compétences sociales essentielles : l’écoute active, le respect des règles collectives, l’entraide, l’autonomie… Mais, au-delà de ces attitudes évidentes dans une classe, l’enjeu est bien plus grand : cela concerne toutes les compétences psychosociales que l’OMS mettait déjà en avant dans les années 90. « Il s'agit d'un ensemble cohérent et interrelié de capacités psychologiques (cognitives, émotionnelles et sociales), impliquant des connaissances, des processus intrapsychiques et des comportements spécifiques, qui permettent de renforcer le pouvoir d'agir, de maintenir un état de bien-être psychique, de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives. » Il s’agit bien de compétences fondamentales dans notre société, incontournables sur le marché de l’emploi, mais surtout essentielles au bien-être de l’élève.
Mettre en place une pédagogie coopérative conduit l’enseignant à passer d’une logique de transmission frontale à un rôle de médiateur, qui structure les interactions et régule les apprentissages. Il devient alors un accompagnateur qui fluidifie l’acquisition des compétences .
Le travail coopératif permet de prévenir les tensions, de lutter contre le décrochage et de renforcer le sentiment d’appartenance des élèves à la classe.
La dynamique de groupe, la mise en projet et les objectifs collectifs favorisent l’implication des élèves. Les tâches prennent davantage de sens et la motivation intrinsèque augmente sensiblement.
Les interactions entre pairs facilitent l’assimilation des notions. L’explication à autrui favorise la métacognition et la consolidation des savoirs.
La coopération réduit la compétition et l’exclusion. Les élèves développent plus d’empathie et de tolérance, ce qui favorise un climat propice au travail. De cette façon, la coopération devient aussi un outil de prévention contre le harcèlement.
Les élèves apprennent à s’organiser, à gérer un groupe, à prendre des décisions ensemble. Ils se préparent ainsi à être acteurs de leurs apprentissages.
La coopération et l’autonomie sont des compétences à enseigner aux élèves : ce sont des attitudes et des capacités qui ne sont pas innées. Il est donc incontournable de préparer la classe grâce à des activités qui apporteront explicitement un bagage d’outils et des réflexions collectives pour aider les élèves à adopter et automatiser les conditions de cette nouvelle façon de travailler.
Ensuite, le travail coopératif peut être mis en œuvre avec des méthodes très variées : groupes de besoin, tutorat, travail en îlots, classe mutuelle … Chaque structure apporte des avantages en fonction des objectifs.
Du côté de l’enseignant, l’encadrement est fondamental : des règles explicites, des rôles clairs, un feedback régulier sont des ingrédients incontournables de sa programmation afin de donner des conditions optimales aux élèves.
Des outils peuvent également être précieux pour guider les élèves comme, par exemple, des descriptions des rôles de tuteur ou tutoré , un tétra-aide (qui peut être utilisé dans un travail coopératif ou individuellement), des contrats ou feuilles de route, etc.
Le travail coopératif, bien structuré et accompagné, est donc un levier pédagogique puissant. Il permet de concilier une ambition scolaire, l’inclusion et le développement personnel de l’élève.
Vous souhaitez mettre en place des activités pour introduire la coopération dans votre classe ? Retrouvez des ressources en suivant ce lien : https://www.enseignons.be/preparation/88959/