Ce numéro de “Explique-moi l’économie” est le premier numéro d’un thème consacré à l’histoire de la pensée économique. Il revient sur les origines de la science économique en expliquant comment l’économie est devenue une discipline autonome des autres champs sociaux.
Au départ, l’économie était étudiée sans séparation avec ses dimensions morales et politiques. Ainsi, avec Aristote, l’économie est une science de l’homme, avec la politique et l’éthique. Aristote distingue deux types d’économie : l’économie naturelle, ou bonne chrématistique, centrée sur le bien être du foyer, et l’économie non naturelle, ou mauvaise chrématistique, centrée sur l’enrichissement personnel. L’auteur condamne la mauvaise chrématistique pour des raisons politiques et morales. Thomas d’Aquin étudie l’usure. Il condamne alors le prêt à intérêt qu’il juge illégitime parce que l’argent est un moyen d’échange, le prêt est illégitime pour des raisons morales et religieuses.
À partir de la fin du XVIIe siècle, l’économie devient peu à peu une discipline autonome. Bernard de Mandeville décrit dans la Fable des abeilles une ruche caractérisée par l’égoïsme et vivant pourtant dans la prospérité matérielle et en conclut que les vices privés font le bénéfice public. Il y aurait ainsi une morale propre à l’économie, fondée sur l’intérêt individuel et l’économie se sépare progressivement de la morale. John Locke, dans le Deuxième traité du gouvernement civil, explique que la propriété privée est un droit naturel et que chaque homme est donc propriétaire de son travail, l’État doit donc assurer la propriété liée à la production, l’économie se sépare progressivement du politique.
Par la suite, les premiers économistes, notamment les physiocrates et Adam Smith, vont alors s’inspirer de ces développements, la pensée économique libérale va apparaître.