Tous les enfants dessinent. C’est pour eux une activité naturelle, quasi instinctive…
Et puis, une fois devenus adultes, certains continuent à dessiner tandis que d’autres renoncent sans toujours savoir pourquoi. « Je ne sais pas dessiner », disent-ils alors, comme pour justifier ce renoncement ou expliquer le plaisir qu’ils ne ressentent plus à simplement dessiner.
En réalité, la plupart de ces « enfants mal grandis » sont des dessinateurs contrariés. Ils se sont laissés convaincre qu’un dessin devait impérativement être ressemblant, reproduire trait pour trait la réalité.
Alors que, comme les enfants le savent mieux que nous, un dessin est avant tout un reflet de l’imaginaire : une tentative de représenter quelque chose qui n’existe qu’en nous.
Les enfants le savent : leurs dessins sont des histoires. Chacun d’eux rapporte un récit imaginaire auquel ils doivent être fidèles — non pas à la réalité.
Ce n’est que sous le regard de l’adulte qu’ils recherchent ensuite une approbation…
C’est pourquoi il vaut mieux éviter les jugements du type « Il est très beau ton dessin » ou, à l’inverse, « Ça ne ressemble à rien ».
Il est généralement plus enrichissant d’inviter l’enfant à raconter ce que signifie son dessin, sans le soumettre à une évaluation.
Tous les enfants dessinent bien. Et si l’on veut les inciter à continuer, il faut considérer leur dessin non comme un art élitiste, mais comme une forme d’expression accessible à tous.
C’est ainsi qu’on peut préserver, même chez l’adulte, le plaisir naturel de dessiner, à l’abri du jugement.
Car en fin de compte, la satisfaction que l’on ressent à gribouiller ses paysages intérieurs… ne regarde que soi.