Soutien scolaire

La classe autonome ou comment repenser mes pratiques pédagogiques

Par Raquel GEMIS, Professeure de français au DS.


        Selon le Robert en ligne, enseigner c’est « Transmettre à un élève de façon qu'il comprenne et assimile ». Tout un programme ! Et nous savons à quel point le métier d’enseignant est fait de moments exceptionnels et de grandes déceptions. Nous ne savons pas toujours pourquoi ce que nous avons mis en place fonctionne ou ne fonctionne pas. Pourquoi cela fonctionne dans une classe mais pas dans l’autre, une année mais pas la suivante, avec un élève mais pas avec un autre…


        Que faire pour mener notre mission à bien ? Comment transmettre de façon que nos élèves assimilent ?Juline Anquetin Rault, enseignante française finaliste du Global Teacher Prize, nous offre peut-être une réponse : elle a mis en place ce qu’elle nomme « La classe autonome » et cette pratique, que je teste également dans mes classes, semble porter ses fruits !



La classe autonome pour plus… d’autonomie


        Le but de la classe autonome, comme son nom l’indique, est d’amener l’élève à plus d’autonomie. Mais au-delà de ce principe de base, elle développe également sa confiance en lui, son esprit de collaboration et son envie d’apprendre.



Un puzzle de pédagogies

        

        Actuellement, nous voyons fleurir les écoles à pédagogies dites « actives ». Certaines se revendiquent de la pédagogie Freinet, d’autres de Decroly ou de Steiner ; quant à Montessori, bien qu’elle ait écrit "De l’enfant à l’adolescent" (1936), elle est généralement cantonnée aux écoles maternelles et primaires. Ces écoles offrent une pédagogie alternative à la pédagogie dite « traditionnelle ».


        Ce qui me plait dans la classe autonome c’est qu’elle ne se fonde pas sur une pédagogie en particulier, mais sur ce qui fonctionne d’une pédagogie à l’autre. On va donc y retrouver la pédagogie dite « traditionnelle », au travers de leçons données en groupe classe et la pédagogie dite « active », par la mobilisation des principes prônés par Célestin Freinet et Maria Montessori. Enfin, on y retrouve aussi la pédagogie par le jeu.


        C’est donc l’alternance de ces pédagogies qui va développer l’esprit de collaboration des élèves, amener l’élève à plus d’autonomie, et, détail non négligeable, lui donner envie d’apprendre.



Tour rapide des pédagogies exploitées en classe autonome


        La pédagogie Montessori se reflète dans la mise en activité des élèves au moyen d’ateliers autocorrectifs qui favorisent la manipulation d’objets et de documents. Cinquante pour cent du cours se fondent sur ces ateliers.


        La pédagogie Freinet apparait dans la liberté qui est donnée aux élèves de réaliser ces ateliers dans l’ordre qui leur convient. En outre, les élèves choisissent de travailler seuls ou en groupe. Le travail en groupe favorisera l’esprit de collaboration.


        La pédagogie traditionnelle constitue 25% du cours. Elle se reflète sur un cours papier que l’élève complète lors d’une leçon donnée face au groupe classe soit de façon ex-cathedra, soit de façon interactive.


        Vingt-cinq pour cent du cours sont consacrés à la vérification soit par le biais d’un questionnaire collectif ludique, soit lors d’un questionnaire individuel.


        La pédagogie par le jeu sera intégrée soit dans les 50% alloués aux ateliers, par le détournement de jeux préexistants, tels que le "Qui est-ce ?", le "Jeu des sept familles", le "Time line", etc. Soit lors des 25% consacrés à la vérification lors de quiz collectifs.


        Ceci dit, d’autres pédagogues et pédagogies sont à explorer : je pense à Auguste Decroly et Rudolf Steiner, ainsi que la pédagogie par les jeux vidéo dont les principes peuvent tout à fait être exploités dans la classe autonome en fonction de la matière donnée.


        Le concept de classe autonome permet de puiser dans toutes les pédagogies existantes afin de constituer le puzzle idéal qui correspondra à la classe et au cours que nous donnons.



Les avantages de la classe autonome


        Travailler en classe autonome permet aux élèves de travailler à leur rythme et au professeur d’offrir des conseils individuels. De plus, le principe leur permettant de travailler de façon individuelle ou en groupe et de choisir l’ordre des activités donne aux élèves un sentiment de liberté propice à l’apprentissage. Le travail en groupe développe, quant à lui, l’esprit de coopération et de collaboration des élèves. Enfin, les neurosciences le prouvent aujourd’hui, l’apprentissage par la manipulation et l’autocorrection permet à l’élève de mémoriser beaucoup plus vite ce qu’il apprend.



Des résultats encourageants


        Juline Anquetin Rault a pu constater une hausse de 30% des résultats chez ses élèves ; elle obtient 100% de réussite au bac et le taux d’absentéisme à son cours a considérablement baissé en raison de l’attractivité du cours.


        Pour ma part, au stade de ma pratique, la première chose qui m’a frappée est la mise en activité immédiate des élèves. Ensuite, lors de la clôture d’ateliers, leur enthousiasme face au quiz interactif, et surtout la quantité d’éléments importants retenus avant même de les avoir étudiés, uniquement par la pratique des activités. Ajoutons à cela un retour très positif!


Vous l’aurez compris : je suis conquise !



Quelques retours de mes élèves de 5G


        « C’est chouette, on a l’impression de jouer et on apprend. ».

        « Le fait qu’on puisse choisir l’ordre des activités nous donne une impression de liberté, je suis plus ouvert au travail. »

        « L’activité où il fallait couper et coller sur la carte mentale était sympa, j’ai l’impression que j’ai mieux retenu. »

        « On peut travailler en groupe, ça développe notre esprit de collaboration. »

        « C’est beaucoup plus sympa d’apprendre comme ça. »



Pour aller plus loin, consultez :


    Lisez :

  • "De l’enfant à l’adolescent ", Maria Montessori (1936)
  • "Les lois naturelles de l’enfant ", Céline Alvarez (2016)
  • "L’école du cerveau : De Montessori, Freinet et Piaget aux sciences cognitives ", Olivier Houdé (2018)



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