Les mots de Bruno : Le mensonge et l'enfant

30 septembre 2024 09:29

Mentir est d'abord une conquête, une conquête de l'esprit qui, chez le tout petit enfant, signe qu'il a appris à concevoir que ce qu'il y a dans une autre tête que la sienne peut être différent de ce qui existe dans sa propre tête.

C'est pour cela que les tous jeunes enfants peuvent se révéler particulièrement attendrissants quand, pris sur le fait, ils nient l'évidence en espérant qu'en pensant la chose comme ils le souhaitent, ils parviendront à infléchir la pensée de l'autre. Ce mini bras de fer cognitif n'a rien d'une faute morale, c'est juste un jeu avec une découverte toute neuve du cerveau : l'autre pense de façon autonome et n'a pas nécessairement la même façon de penser que moi.

De la part de la part de l'adulte, il vaut mieux y opposer un ferme et compréhensif : " moi, je ne vois pas les choses comme tu le les décris" qu'un cassant "tu es un menteur" ou pire "je n'aime pas les menteurs" qui fustigent non seulement le mensonge mais aussi l'enfant qui en est l'auteur.

Mentir devient ensuite, pour l'enfant plus grand, une ruse. La ruse suppose d'utiliser le mensonge à des fins instrumentales, pour obtenir un avantage où se soustraire à un inconvénient.

Dans ce cas-là, sur un plan éducatif, il vaut mieux identifier avec l' enfant les motifs de son mensonge.

A un enfant qui "cache" ses résultats scolaires, il vaut mieux ainsi opposer un "qu'est-ce qui te pousse à ne pas oser me dire tes résultats ?" qu'un cinglant "et tu mens en plus !" qui alourdit le sentiment de culpabilité l'idée de ne pas avoir été à la hauteur de celui de devoir assumer un statut de menteur.

Mentir devient enfin une trahison lorsqu'il devient alors question, une fois qu'à l'approche de l'adolescence, les fonctions exécutives de l'enfant viennent progressivement à maturité, une manière d'être ensemble qui ne permet plus d'établir un lien de confiance parce que la relation ne peut plus reposer sur rien de solide, de consistant et d'avéré et que tout peut dès lors, effectivement et affectivement, toujours être remis en question.

A ce mensonge pour tromper, il vaut sans doute mieux opposer un "la vie ensemble est impossible sans confiance parce qu'aucun lien ne peut survivre dans un climat de défiance permanent" qui met en garde contre les conséquences du mensonge qu'un "tu n'es qu'un(e) sale menteur(euse) qui se contente de dresser un constat sans en envisager les conséquences...

Et cela sera sans doute valable pendant toute notre vie d'adultes.

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